mardi 27 janvier 2009

Les incipits : PERRAULT, Contes de fées.




Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la campagne, de la vaisselle d'or et d'argent, des meubles en broderies et des carrosses tout dorés ; mais, par malheur, cet homme avait la barbe bleue : cela le rendait si laid et si terrible, qu'il n'était ni femme ni fille qui ne s'enfuît de devant lui.
(Barbe Bleue, conte)

Il était une fois une veuve qui avait deux filles : l'aînée lui ressemblait si fort d'humeur et de visage, que qui la voyait, voyait la mère.
(Les fées, conte)

Il y avait une fois un roi et une reine, qui étaient si fâchés de n'avoir point d'enfant, si fâchés, qu'on ne saurait dire.
(La belle au bois dormant, conte)

Un meunier ne laissa pour tous biens à trois enfans qu'il avait, que son moulin, son âne et son chat.
(Le maître, ou Le chat botté, conte)

Il était une fois un gentilhomme, qui épousa en secondes noces une femme, la plus hautaine et la plus fière qu'on eût jamais vue.
(Cendrillon, ou La petite pantoufle de verre, conte)

Il était une fois une reine qui accoucha d'un fils si laid et si mal fait, qu'on douta long-temps s'il avait forme humaine.
(Riquet à la houpe, conte)

Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui avaient sept enfans, tous garçons ; l'aîné n'avait que dix ans, et le plus jeune n'en avait que sept.
(Le petit poucet, conte)

Vous [ie : la comtesse de Murat, dédicataire]faites les plus jolies nouvelles du monde, en vers, mais en vers aussi doux que naturels.
(L'adroite princesse, ou Les aventures de Finette, nouvelle)

Au pied des célèbres montagnes
Où le Pô, s'échappant de dessous des roseaux,
Va dans le sein des prochaines campagnes
Promener ses naissantes eaux,
Vivait un jeune et vaillant prince,
Les délices de sa province.
(Griselidis, nouvelle)

Il est des gens qui l'esprit guindé,
Sous un front jamais déridé
Ne souffre, n'approuve et n'estime
Que le pompeux et le sublime.
(Peau d'âne, conte — en vers)

Il était une fois un roi si grand, si aimé de ses peiples, si respecté de tous ses voisins et de ses alliés, qu'on pouvait dire qu'il était le plus heureux de tous les monarques.
(Peau d'âne, conte — en prose)

Si vous étiez moins raisonnable,
Je me garderais bien de venir vous conter
La folle et peu galante fable
Que je m'en vais vous débiter.
(Les souhaits ridicules, conte)


Charles PERRAULT, Contes de fées, (Les contes de ma mère l'Oye, 1678, 1697).

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