samedi 24 janvier 2009

WITTGENSTEIN : Tractatus logico-philosophicus.


Ludwig WITTGENSTEIN, Tractatus logico-philosophicus (1918). Paris : Gallimard, "Tel", 1999. Trad. P. Klossowski, intro. B. RUSSELL.


"Il se peut que ce livre ne soit compris que par celui qui aura lui-même déjà pensé les pensées qui y sont exprimées — ou des pensées analogues." (Préface ; 27)

"Le livre traite des problèmes de philosophie et, comme je le crois, montre que la formulation de ces problèmes repose sur un malentendu de la logique de notre langage. On pourrait résumer tout le sens du livre en ces mots : tout ce qui peut être dit peut être dit clairement ; et ce dont on ne peut parler, il faut le taire." (ibid.)

"je n'indiquerai pas de sources, parce qu'il m'est indifférent de savoir si ce que j'ai pensé l'a déjà été par un autre avant moi." (ibid.)

"La plupart des propositions et des questions qui ont été écrites sur des matières philosophiques sont non pas fausses, mais dépourvues de sens. Pour cette raison nous ne pouvons absolument pas répondre aux questions de ce genre, mais seulement établir qu'elles sont dépourvues de sens. La plupart des propositions et des questions des philosophes viennent de ce que nous ne comprenons pas la logique de notre langage. [...]
Et il n'est pas étonnant que les problèmes les plus profonds ne soient en somme nullement des problèmes." (4.003 ; 46)

"comprendre une proposition, c'est savoir ce qui arrive, quand elle est vraie." (4.024 ; 48)

"la possibilité de la proposition repose sur le principe de la représentation d'objets par des signes.
Ma pensée fondamentale est que les "constantes logiques" ne représentent pas. Que la logique des faits ne se laisse pas représenter." (4.0312 ; 49)

"La totalité des propositions vraies constitue la totalité des sciences de la nature." (4.11 ; 52)

"La philosophie n'est aucune des sciences de la nature." (4.111 ; 52)

"Le but de la philosophie est la clarification logique de la pensée.
La philosophie n'est pas une doctrine mais une activité.
Une œuvre philosophique consiste essentiellement en élucidations.
Le résultat de la philosophie n'est pas une nombre de "propositions philosophiques" mais le fait que des propositions s'éclaircissent." (4.112 ; 52)

Psychologie (= science de la nature) non-apparentée à la philosophie. (4.1121 ; 52)

"La philosophie délimite le domaine discutable des sciences de la nature" (4.113), "délimite le concevable" (4.114), "signifiera l'indicible, en représentant clairement le dicible." (4.115 ; 53)

" 4.116 — Tout ce qui peut être en somme pensé, peut être clairement pensé. Tout ce qui se laisse exprimer, se laisse clairement exprimer." (53)

"La proposition ne peut représenter la forme logique, celle-ci se reflète dans la proposition." (4.12 ; 53)

"4.1212 — Ce qui peut être montré ne peut pas être dit." (53)

"Les formes logiques sont étrangères au nombre." (4.128 ; 57)

"Le sens de la proposition est sont accord et son désaccord avec les possibilités de l'existence et de la non-existence des états de choses." (4.2 ; 57)

"l'introduction des propositions élémentaires est fondamentale pour la compréhension de toutes les autres sortes de propositions." (4.411 ; 60)

"La proposition montre ce qu'elle dit, la tautologie et la contradiction montrent qu'elles ne disent rien [, ...] sont vides de sens." (4.461 ; 62)
(vide de sens, sinnlos ≠ non-sens, unsinning)

"La proposition est une fonction de vérité des propositions élémentaires." (5. ; 64)

"Les propositions élémentaires sont les arguments de vérité des propositions." (5.01 ; 64)

arguments de fonctions ≠ indices de noms. (5.02 ; 65)

"Celles des possibilités de vérité de ses arguments de vérité qui avèrent la proposition, je les nommerai ses raisons de vérité." (5.101 ; 66)

"Il ne peut être conclu d'aucune manière de l'existence d'un quelconque état de choses à l'existence d'un état de choses totalement différent." (5.135 ; 67)

"Nous ne pouvons inférer les événements de l'avenir des événements présents.
La croyance au rapport de cause à effet est la superstition." (5.1361 ; 67)

"Une proposition n'est en soi ni probable ni improbable. Un événement intervient ou n'intervient pas." (5.153 ; 69)

"L'unité de la proposition de probabilité est que : les circonstances — que je ne connais pas davantage autrement — donnent à un événement déterminé tel ou tel degré de probabilité." (5.155 ; 69)

"Ainsi la probabilité est une généralisation.
Elle implique la description générale d'une forme de proposition.
Seul le manque de certitude nous fait recourir à la probabilité. — Lorsque nous ne connaissons pas entièrement un fait, mais nous savons bien quelque chose quant à sa forme.
(Une proposition peut sans doute être une image incomplète d'un certain état de choses mais elle est toujours une image complète.)
La proposition de probabilité est pour ainsi dire une extraction d'autres propositions." (5.156 ; 69)

"L'opération est l'expression d'une relation entre les structures de sont résultat et de ses bases." (5.22 ; 70)

"Les fonctions de vérité des propositions élémentaires sont le résultat d'opérations qui ont pour bases les propositions élémentaires. (Je nomme ces opérations des opérations de vérité.)" (5.234 ; 70)

L'opération "se montre dans une variable", "contribue à exprimer la différence des formes" (5.24 ; 70)

opération ≠ fonction (5.25 ; 71)

"Chaque proposition est le résultat d'opérations de vérité sur des propositions élémentaires." (5.3. ; 72)

"Toutes propositions de logique disent cependant la même chose. À savoir, rien." (5.43 ; 73)

"Il doit apparaître clairement qu'il n'y a pas de nombres en logique." (5.453 ; 74)

"En logique il n'y a aucune coexistence, il ne peut y avoir aucune classification." (5.454 ; 74)

"là où se trouvent [argument & fonction], se trouvent déjà toutes les constantes logiques." (5.47 ; 75)

"5.471 — La forme générale de la proposition est l'essence de la proposition.
5.4611 — Indiquer l'essence de la proposition c'est indiquer l'essence de toute description, donc l'essence du monde. " (75)

"5.511 — Comment la logique qui embrasse toute chose, qui reflète le monde, peut-elle avoir recours à des attrapes et à des manipulations aussi spéciales ? Pour la seule raison que ces moyens sont liés en un filet infiniment subtil, au grand miroir." (77)

"La vérité ou la fausseté de chaque proposition change en effet quelque chose à la structure générale du monde." (5.5262 ; 80)

"le signe d'identité n'est pas une partie intégrante essentielle de la notation logique." (5.533 ; 81)

"5.551 — Notre principe fondamental est que chaque question qui se peut résoudre par la logique doit pouvoir se résoudre sans plus.
(Et si nous sommes amenés à répondre à pareil problème en considérant le monde, cela prouve que nous sommes dans une voie foncièrement fausse.)" (84)

"La logique précède toute expérience — (qui nous apprend) que quelque chose est ainsi.
Elle précède le Comment, non le Quoi." (5.552 ; 84)

"Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. " (5.6 ; 86)

"Ce que nous ne pouvons penser, nous ne saurions le penser ; donc nous ne pouvons dire ce que nous ne saurions penser." (5.61 ; 86)

"Le sujet n'appartient pas au monde, mais il constitue une limite du monde." (5.632 ; 87)

propositions logiques, analytiques = tautologies, ne disent rien (6.1., 6.11 ; 93)
"ne peuvent pas être confirmées par l'expérience pas plus qu'elles ne peuvent être réfutées par elle." (6.1222 ; 93)
"décrivent l'échafaudage du monde, ou plutôt, elles le représentent. Elles ne "traitent" de rien." (6.124 ; 94)

"En logique, processus et résultat sont équivalents. (De ce fait point de surprise.)" (6.1261 ; 94)

"La logique du monde, que les propositions de logique montrent dans les tautologies, les mathématiques la montrent dans les équations." (6.22 ; 97)

mathématiques = "méthode de logique" (6.234) ; calcul ≠ expérience (6.2331 ; 98)

"L'investigation logique constitue l'investigation de toute régularité. Et hors de la logique, tout n'est qu'accident.' (6.3 ; 98)

"Le monde est indépendant de ma volonté." (6.373 ; 102)

"Toutes les propositions sont d'égale valeur." (6.4 ; 103)

"Le sens du monde doit se trouver en dehors du monde." (6.41 ; 103) ; il n'existe pas de "propositions éthiques" (6.42), "l'éthique ne se peut exprimer" (6.44 ; 105).

"Ce qui est mystique, ce n'est pas comment est le monde, mais le fait qu'il est." (6.44 ; 105)

"Une réponse qui ne peut être exprimée suppose une question qui elle non plus ne peut être exprimée.
L'énigme n'existe pas.
Si une question se peut absolument poser, elle peut aussi trouver sa réponse." (6.5 ; 105)

"Le scepticisme n'est pas réfutable, mais est évidemment dépourvu de sens s'il s'avise de douter là où il ne peut être posé de question." (6.51 ; 105)

"Il y a assurément de l'inexprimable. Celui-ci se montre, il est l'élément mystique." (6.522 ; 106)

"6.53 — La juste méthode de la philosophie serait en somme la suivante : ne rien dire sinon ce qui peut se dire, donc les propositions des sciences de la nature — donc quelque chose qui n'a rien à voir avec la philosophie — et puis à chaque fois qu'un autre voudrait dire quelque chose de métaphysique, lui démontrer qu'il pas pas donné de signification à certains signes dans ses propositions." (106-107)

"7. — Ce dont on ne peut parler, il faut le taire."


Plan

1. Le monde est tout ce qui arrive.
2. Ce qui arrive, le fait, est l'existence d'états de choses.
3. Le tableau logique des faits constitue la pensée.
4. La pensée est la proposition ayant un sens.
5. La proposition est une fonction de vérité des propositions élémentaires.
(La proposition élémentaire est une fonction de vérité d'elle-même.)
6. La forme générale de la fonction de vérité est [p¯, ξ¯, N (ξ¯)].
7. Ce dont on ne peut parler, il faut le taire.


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