BELLES CHOSES.
La beauté est une chose complexe. On me dit que c’est un concept ; mais un concept n’a pour moi aucune réalité. Ce qui ne me renvoie à rien, ce qui en rien ne m’interpelle, n’existe pas : c’est une forme vide. La beauté...
Afin que ce mot me veuille dire quelque chose, il suffit que je m’interroge : qu’est-ce que pour moi la beauté ? quand dis-je d’une chose qu’elle est belle ?
Une scène un jour me marqua profondément. C’était tard le soir. Il neigeait. Je passais sous les lumières alternées des réverbères. Dix mètres devant moi, une vieille femme se fit attaquer : probablement un vol. Elle résista : l’agresseur lui enfonça son couteau dans la gorge. Je dus m’arrêter de marcher tant mon esprit fut frappé : la vieille femme tomba sur le dos, mains à son cou, dans un râle ; le sang giclait par bouillons sur ses vieilles mains pleines de rides, et sur la neige autour. C’était d’une beauté fulgurante.
Belles aussi les ecchymoses sur un petit visage frais et rose. Belles les grumelles de merde qui coulent d’un intestin ouvert. Belle la figure de ma mère sur son lit de mort, décharnée par un long cancer. Beau, le fait de prendre le bras d’une femme enceinte à fin de l’aider à traverser une route embouchée d’un traffic dense et de bruit. Beau, le fait de passer son savoir et son expérience à de jeunes bambins, lesquels me remercient d’un sourire fier et enjoué. Belles aussi leurs larmes de douleur et la supplication au fond de leurs prunelles.
On me dit que non la beauté ce n’est pas cela, que je suis un exemple typique de la maladie qui gangrène notre siècle égotique et le langage en ramenant tout mot à soi. Ce ne sont que discours de pédants et d’insensibles.
Je sais.
La beauté est une chose complexe. On me dit que c’est un concept ; mais un concept n’a pour moi aucune réalité. Ce qui ne me renvoie à rien, ce qui en rien ne m’interpelle, n’existe pas : c’est une forme vide. La beauté...
Afin que ce mot me veuille dire quelque chose, il suffit que je m’interroge : qu’est-ce que pour moi la beauté ? quand dis-je d’une chose qu’elle est belle ?
Une scène un jour me marqua profondément. C’était tard le soir. Il neigeait. Je passais sous les lumières alternées des réverbères. Dix mètres devant moi, une vieille femme se fit attaquer : probablement un vol. Elle résista : l’agresseur lui enfonça son couteau dans la gorge. Je dus m’arrêter de marcher tant mon esprit fut frappé : la vieille femme tomba sur le dos, mains à son cou, dans un râle ; le sang giclait par bouillons sur ses vieilles mains pleines de rides, et sur la neige autour. C’était d’une beauté fulgurante.
Belles aussi les ecchymoses sur un petit visage frais et rose. Belles les grumelles de merde qui coulent d’un intestin ouvert. Belle la figure de ma mère sur son lit de mort, décharnée par un long cancer. Beau, le fait de prendre le bras d’une femme enceinte à fin de l’aider à traverser une route embouchée d’un traffic dense et de bruit. Beau, le fait de passer son savoir et son expérience à de jeunes bambins, lesquels me remercient d’un sourire fier et enjoué. Belles aussi leurs larmes de douleur et la supplication au fond de leurs prunelles.
On me dit que non la beauté ce n’est pas cela, que je suis un exemple typique de la maladie qui gangrène notre siècle égotique et le langage en ramenant tout mot à soi. Ce ne sont que discours de pédants et d’insensibles.
Je sais.
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