mardi 26 avril 2011

Textes courts : Jouir

JOUIR.


Aussi loin que je me souviens, je me suis toujours caressé. — Caressé ! mot dont abusent les femmes, lesquelles voudraient bien le mettre dans notre bouche.

Elles ne savent la violence de la chose, et n’en veulent rien savoir.

Connaissent-elles une seule chose autrement qu’à travers l’idée qu’elles s’en font ? Elles déprécient ce qu’elles réprouvent — tout ce qui n’est pas elles n’existe pas.
Elles sont un bestiaire immense, protestent un peu quand la pique touche, mais n’y veulent rien changer.

Vaches, autruches, truies, fourmis, chattes et chiennes.

Y a-t-il quelque part une femme qui soit digne d’estime ?

L’accouplement est un simulacre de masturbation. On ne s’accouple plus que rarement pour se reproduire. On se frotte censément pour se faire plaisir. Tout se passerait mieux si l’acte était perçu comme ce qu’il est à présent : une masturbation à deux.
S’emboiter ne veut pas dire qu’on ne fait plus qu’un.

C’est grand dommage que tous ces détournements d’usage, ces baises pour rassurer sa femme, ces baises pour conserver son homme. Quelques petits cris de contentement — un murmure, un gémissement suffit — sont le vernis nouveau des vanités.
De toute façon, les hormones avec le temps se calment — ce qui met tout le monde d’accord.

N’est-ce pas ?

C’est peut-être par ailleurs mon premier souvenir, ces innombrables fois de plaisirs solitaires et aléatoires, ainsi que la recherche de nouvelles façon de venir.
Allez dire cela aux mères.

Tout compte fait, ne le leur en faites pas part : elles croiraient qu’on passe son temps à mentir, et à courir après des chimères.

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