vendredi 19 août 2011

André DHÔTEL : Nulle part


André DHÔTEL. Nulle part. Paris : Pierre Horay, 1977. Nvelle éd. revue par l'auteur.


— Pourquoi je ne me suis pas marié ? À cause d'une fille qui travaillait en usine et que je rencontrais le soir dans un chemin. Pas de chemin plus bête sous le ciel. C'était en bordure d'un ruisseau qui transportait les saletés d'une tannerie. Cette gamine m'a fait dépenser tout mon argent, elle m'a trompé, mais quand je pense à elle je ne vois pas le ruisseau dégoûtant, je revois des étoiles comme des lames de couteau, et je voudrais recommencer toute l'histoire.
(86)

— On prétend que Parenteille aime le bluff et la parade, qu'on sèmera des pelures d'orange dans le kiosque à musique, et on lui envoie déjà des boites de pâte à faire briller les cuivres, pour qu'il entretienne les boutons de son uniforme.
(93)

— Non, je n'ai aucune envie de me jeter à l'eau, reprit Jacques. On m'a enseigné (j'avais des dispositions pour cela) à être poli avec le monde et d'abord avec la vie de tous les jours.
(171)

— Les choses importantes, pour moi, cela ne va pas plus loin que le bruit du moteur, ou cette espèce de colline que tu vois là-bas au soleil, ou la cigarette que je vais fumer : l'amour, les femmes, c'est merveilleux, à condition que cela ne tienne pas plus de place qu'une route, ou qu'un arbre du bon Dieu.
(229)


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