jeudi 28 février 2019

Gabriel Matzneff. Séraphin, c'est la fin ! (2013)


Gabriel MATZNEFF. Séraphin, c'est la fin !. Paris : La Table Ronde, 2013.


La complémentarité des sexes est une illusion platonicienne. La femme et l'homme ne sont pas faits pour s'accorder, mais pour se combattre et se détruire. [...] La passion est le seul lieu où ils puissent se retrouver, mais une telle rencontre est toujours fugace et, en définitive, source de douleur.
C'est pourquoi les femmes doivent se méfier des hommes qui les invitent à les imiter, en particulier ceux qui tentent de les convaincre qu'elles ne seront livres que le jour où, comme eux, elles travailleront. Les trémolos à la gloire du travail sont exaspérants.
(pp. 59-60, "L'ange et l'huître", Le Monde, 22/12/1979)

Les auteurs qui ont marqué notre adolescence ne nous quittent, d'une certaine façon, jamais.
(p. 67, "L'égoïsme et l'amour", , 14/11/1981)

La sauvegarde de la beauté est notre tâche commune. [...] Le combat contre la bêtise et la haine exige une vigilance sans cesse renouvelée.
(p. 70, "Les ampoules lacrymales", , 9.10,1982)

Le tourisme de masse est une des abjections de la vie moderne.
(p. 72, Lettre à ***, lettre inédite, 27/3/2005)

L'art commence là où il y a une blessure.
(p. 75, "Voici venir le Fiancé", causerie, 3/4/2006)

Ce n'est qu'avec la prise du pouvoir par la bourgeoisie d'argent, au dix-neuvième sicle, qu'on va commencer, du moins en Occident, à élever un mur de protection moralisatrice, puritaine, autour des adolescents de l'un et l'autre sexe, pour aboutir de nos jours au nouvel ordre mondial des psychiatres de gauche et des quakeresses de droite, au "sexuellement correct", qui, importé d'Outre-Atlantique, s'est dorénavant impatronisé sur la planète.
(p. 167, "Casanova ou la victoire sur la mort", conférence, 10/7/2010)

Depuis mon adolescence, que fais-je d'autre que résister ?
(p. 182, "Lettre à un lecteur, professeur de lettres, qui m'écrit vouloir se donner la mort", 29/8/2010)

Les "jeunes gens qui entrent ces jours-ci dans la vie littéraire" "risquent d'être tentés par ce qui est bien pire que la plus flicarde des censures : l'irrémédiable autocensure."
(pp. 196-197, "René Schérer, éveilleur", in Cahiers critiques de philosophie, n° 10, 2011)

L'Histoire ne repasse pas les plats.
(p. 210, "Sur deux discours", 26/10/2011)

Ce qui importe, et seul importe, c'est le style.
(p. 216, "De la censure", conférence, 9/1/2012)

les couronnes posthumes sont celles qui tiennent le plus durablement sur la tête des artistes
(p. 218, ibid.)

la littérature est semblable à une auberge espagnole : on n'y trouve que ce qu'on y apporte, et quand on veut noyer son chien on l'accuse de la rage.
(p. 218, ibid.)

Avez-vous remarqué que les fins de siècles sont souvent très bêtes ?
(p. 220, ibid.)

C'est, soit dit par parenthèse, l'unique supériorité de la littérature sur la peinture et la sculpture : lorsqu'un tableau brûle dans un incendie, quand des fanatiques afghans détruisent à la dynamite de séculaires bouddhas, c'est pour jamais. Au contraire, un livre, une fois publié, est, sauf cataclysme universel, indestructible.
(pp. 224-225, ibid.)

touchant les mœurs, la France est la servile remorque des Etats-Unis
(p. 225, ibid.)


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