Tristan CORBIÈRE. Les Amours jaunes.
Préface de Charles LE GOFFIC.
Paris : Messein, 1920.
Ça
« C’est, ou ce n’est pas ça : rien ou quelque chose. »
(« Ça » ; 4)
« Fais de toi ton œuvre posthume »
(12)
« Il se tua d’ardeur, ou mourut de paresse.
S’il vit, c’est par oubli ; voici ce qu’il laisse :
— Son seul regret fut de n’être pas sa maîtresse. — »
(« Epitaphe » ; 13)
« — à la dérive, / Epave qui jamais n’arrive... » (16)
Les Amours Jaunes
« Mon amour, à moi, n’aime pas qu’on l’aime »
(« A une camarade » ; 50)
« N’y croyons pas trop, chère mal-aimée...
— C’est toujours trop vrai ces mensonges-là ! — »
(51)
« LA PIPE AU POETE
Je suis la Pipe d’un poète,
Sa nourrice, et : j’endors sa Bête.
Quand ses chimères éborgnées
Viennent se heurter à son front,
Je fume... Et lui, dans son plafond,
Ne peut plus voir les araignées.
Je lui fais un ciel, des nuages,
La mer, le désert, des mirages ;
Il laisse erre là son œil mort...
Et, quand lourde devient la nue,
Il croit voir une ombre connue,
— Et je sens mon tuyau qu’il mord...
— Un autre tourbillon délie
Son âme, son carcan, sa vie !
... Et je me sens m’éteindre. — Il dort.
..........
— Dors encor : la Bête est calmée,
File ton rêve jusqu’au bout...
Mon Pauvre ! ... la fumée est tout
— S’il est vrai que tout est fumée... »
(63)
« Je rime, donc je vis... ne crains pas, c’est à blanc »
(« Le poète contumace » ; 76)
« La pluie a déjà fait, de mon royaume, une île. »
(78)
Sérénade des Sérénades
Raccrocs
« A MON CHIEN POPE — GENTLEMAN DOG — FROM NEW-LAND — mort d’une balle.
Toi : ne pas suivre en domestique,
Ni lécher en fille publique !
— Maître-philosophe cynique ;
N’être pas traité comme un chien,
Chien ! tu le veux — et tu fais bien.
— Toi ! rester toi ; ne pas connaître
Ton écuelle ni ton maître,
Ne jamais marcher sur les mains,
Chien ! — c’est bon pour les humains.
... Pour l’amour — qu’à cela ne tienne :
Viole des chiens — Gare la chienne !
Mords — Chien — et nul ne te mordra.
Emporte le morceau — Hurrah ! —
Mais après, ne fais pas la bête ;
S’il faut payer — paye — Et fais tête
Aux fouets qu’on te montrera.
— Pur ton sang ! pur ton chic sauvage !
— Hurler, nager —
Et, si l’on te fait enrager...
— Enrage ! »
(123-124)
« — Lui resta dans le Sublime Bête
Noyer son orgueil vide et sa virginité. »
(« A un Juvénal de lait » ; 129)
« Sommeil. — Ciel-de-lit de ceux qui n’en ont pas ! ”
(« Litanie du sommeil » ; 138)
« C’est très parisien, dans les rues,
Quand l’Aurore fait le trottoir,
De voir sortir toutes les Grues
Du violon, ou de leur boudoir... »
(« Idylle coupée » ; 146)
Armor
Gens de mer
« Noyés ? — Eh allons donc ! les noyés sont d’eau douce.
— Coulés ! corps et biens ! »
(« La Fin » ; 284)
Rondels pour après
A Marcelle
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