On dira qu'à plaisir je m'allume la joue ;
Que mon vers aime à vivre et ramper dans la boue ;
Q'imitant Diogène au cynique manteau,
Devant tout monument je roule mon tonneau ;
Que j'insulte aux grands noms, et que ma jeune plume
Sur le peuple et les rois frappe avec amertume :
Que me font, après tout, es vulgaires abois
De tus les charlatans qui donnent de la voix,
Les marchants de pathos et les faiseurs d'emphase,
Et tous les baladins qui dansent sur la phrase ?
(Iambes, "Prologue")
Il est triste de voir partout l'œuvre du mal,
D'entonner ses chansons sur un rhythme infernal,
Au ciel le plus vermeil de trouver un nuage,
Une ride chagrine au plus riant visage.
(Il Pianto, "Il Pianto")
Je m'embarque aujourd'hui sur la plaine brumeuse
Où le vent souffle et, sans repos,
Hérisse les crins verts de la vague écumeuse,
Et bondit sur son large dos.
(Lazare, "Prologue")
Auguste BARBIER, Iambes et poëmes, 1840.
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