dimanche 23 août 2009

N (2004), chapitre vingt-quatrième.

Chapitre vingt-quatrième,
Où l’on lit,
Une fois de plus,
Par-dessus l’épaule.


« Suite — Elles pensent nous tenir en nous tenant par le sexe. Mais ce sont elles qui ont désespérément besoin — besoin d’attention, de sentir le désir d’un autre posé sur leur corps et parfois vivre en elles. Amalgame fatal entre amour et sexe, par croyance que celui-ci est symptôme de celui-là. À ce moment, elles croient nous avoir gagnés, qu’à ce moment elles sont en sécurité. Lysistrata est une idiote.

Chez elles, l’« amour » — le sexe — n’est que d’un corps : celui de l’aimé. Cherche. Trouve. Décide. S’accroche. Se protège. Défend et garde. De là, peut-être, serments de fidélité conjugale, gagnés à coups de reins ou ruse. Impossibles, ces affinités électives, de ce corps-à-corps, tasse de thé à la main. Impossible de savourer ensemble une partie de jambes en l’air comme l’on savoure ensemble, entre amis et amies, un excellent dîner, une bonne bouteille. Dommage, grand dommage. On ne change pas le monde et la tête des gens d’un tournemain. Impossible, manquent encore les élues. Manque la confiance, en soi, en d’autres, manque la parole qui vaille, manquent les gestes qui soient simples. La licence est scellée dans nos corps. Méfiance, haine, incompréhension trop encore. Manque une certaine curiosité, manque une étoile. Le Sodome de Giraudoux n’est pas loin, si cela continue.

Il fait beau ce matin. Bon, pas très envie, mais à la douche. »

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