mardi 2 mars 2010

Textes courts : Sexe

SEXE.


Son sexe est profond comme un gouffre, humide, chaud.

Chose étrange bordée de poils noirs et drus qui s’écartent sur de rouges muqueuses, lesquelles se couvrent d’un liquide visqueux au goût de sel et de citron, il vit et respire, communique ses humeurs au reste du corps et veut les frottements qu’on lui dénie parfois.

Il s’ouvre comme une bouche, parfois démesurément. Il veut boire et manger, mais ce n’est qu’une façon de parler.

Il se ferme parfois, buté, et rien ne saurait le convaincre.

Il lui est souvent volontiers fait violence : c’est faute à l’amour que l’âme porte à l’autre, et faute à l’autre qui n’en sait la manière ; mais il est vrai que l’âme et le con ne se soucient que rarement de connaître le vît. De toutes ces choses résulte grand dommage.

Il semble qu’aucune des deux parties ne s’accorde à placer l’entretien sous les auspices d’un paisible plaisir, mais plutôt considèrent qu’il relève de l’ordre de la performance ou du devoir, ce qui leur renvoie une image de la chose et d’eux-mêmes immanquablement fausse.

La femme est à l’image de son con, de son cul, duquel on ne parlera pas ici, et de la liberté que celle-là laisse à ceux-ci de s’exprimer. Irraisonnablement contraints, ou relégués dans un prétendu oubli forgé par la haine, ils ne manqueront de la faire devenir folle.

Un corps en paix décide d’une âme sereine.

La réciproque est également vraie.

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