mardi 27 avril 2010

Textes courts : Bruits

BRUITS.


C’est une grande ville ; beaucoup de gens y vivent et y passent.

Je suis ici en touriste, pour ainsi dire, et flâne à travers les rues et boulevards.

Il fait beau. Les gens parlent et sourient ; mais ce n’est le plus souvent pas à leur voisin qu’ils s’adressent, auquel ils préfèrent le téléphone.

Au bout du fil, amant, amis, maîtresse, fréquentations ou préférences, sans doute, peut-être, lesquels comblent une absence vécue comme une solitude. L’on se contente de peu pour éviter le silence. Ces voix lointaines et distraites à l’oreille évincent la foule, laquelle même importune par sa rumeur en bruit de mer et bruit de fond. Pourtant, si l’on écoute bien, et mises à part les voitures, celle-ci semble être la somme de toutes ces conversations imaginaires.

Quand on saisit l’occasion d’une coupure de ligne pour aborder quelqu’un dont la mine est avenante, les yeux deviennent durs, le sourire se crispe et disparaît, impatience et désagrément se peignent sur le visage, et l’on est bien tôt balayé d’une excuse ou pas même.

Les gens n’ont plus d’intérêt pour ceux qui les entourent. J’imagine qu’ils sont bien assez entourés, d’un petit cercle immuable et chacun à sa manière poli. Est-ce être fou que d’être curieux de rencontres ?

Là-bas il est moins de lumières, mais les humains y sont encore ouverts. Je retourne à mon village.

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© Nicolas Codron / all rights reserved