mardi 20 avril 2010

Textes courts : Au matin

AU MATIN.


Je ne fus pas même surpris de découvrir que mon sexe fût amovible. Je vous accorde que la chose a quelque air étrange ; mais je ne dis que ce qui est. Voici.

C’était un matin au réveil d’une nuit trop courte, quand les dernières bribes de rêves s’accrochent à l’arrière de nos crânes. Un désir vague mais brut flottait dans mon corps.

C’est d’ordinaire celui duquel naît cette érection matinale dont on ne sait que faire et qui se résout par la caresse — celle par nous prodiguée à nous-mêmes ou à notre voisine de couche, s’il en est une, à fin d’inspirer à l’endormie ce même désir qui peut-être nous éveilla et qui, si les rêves se ressemblent, se poursuit au corps à corps.

Aucun de ces cas de figure n’advint ce matin-là. Quand en aveugle ma main saisit mon vît pour jouer avec, elle le trouva en bandaison molle et put le retirer de sa souche. Oui, mon sexe me resta dans la main. C’était inhabituel : j’ouvrai les yeux et me redressai dans mon lit.

En place de l’apparât était un trou, lequel m’apparut légèrement humide. Je le devinai profond ; mais de mon assiette je n’en voyais que le col : mes chairs intérieures.

Je reportai mon attention sur mon sexe déchaussé que j’empoignais encore. Il semblait être contenté. Des gouttes de sperme s’échappaient du bout du gland.

Il me sembla tout naturel d’ensemencer les quatre ou cinq nombrils vivants et chauds qui parsemaient le dessus de mes cuisses. Ils avaient dû germer et s’ouvrir pendant la nuit, inaperçus.

Je laissai couler au goutte à goutte le foutre dans ces nouveaux orifices. Ils me parurent frémir.

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© Nicolas Codron / all rights reserved