mercredi 1 décembre 2010

Textes courts : Arrivée

ARRIVÉE.


Il se fait tard, une fois encore : l’aéroport ne compte plus que de rares membres du personnel d’entretien.

Ce fut pour moi, la première nuit, une grande surprise, car j’ai toujours cru qu’en l’absence de vol le lieu était désert, et ses portes closes.

Je tente de ne déranger personne qui soit dans l’exercice de sa tâche. Personne ne semble par ailleurs préoccupé par ma présence, à laquelle ils semblent s’habituer.
C’est la troisième nuit que je passe assis sur une de ces chaises incomfortables du terminal des arrivées. Si l’on croise ses jambes d’une certaine manière, la station est même tout à fait supportable.

J’ai remarqué qu’un grand ventilateur se met en marche tous les soirs, et ne cesse son activité qu’au matin.

Un de mes amis était censé arriver mardi, à vingt-deux heures et trente-six minutes. Une demie heure est une estimation vraisemblable du temps nécessaire au débarquement, à la récupération des bagages et au passage des douanes tout à la fois. Je m’attendais donc à le voir paraître devant moi vers vingt-trois heures et dix minutes.

« Attends-moi donc dans la salle des arrivées. »

Je convins que c’était le point de rendez-vous le plus commode, et ainsi en avions-nous décidé, par téléphone, juste avant sa montée dans l’appareil.

L’atterrissage de son avion fut confirmé, avec un retard négligeable, par les larges panneaux d’affichage devant lesquels j’avais pris place.

Mes yeux sont restés rivés à la porte par laquelle il était censé passer. Est-il possible que je ne l’aie pas reconnu ? — non, bien sûr : les traits de sont visages sont gravés dans ma mémoire, et il est très improbable qu’une année de séparation les ait pu sensiblement altérer.

C’est la première fois qu’il vient me rendre visite depuis que j’ai déménagé. Il n’a par ailleurs jamais posé pied dans ces contrées avant cela. Il serait irraisonnable que j’aille à présent l’attendre ailleurs.

Les néons fatiguent mes yeux ; mais que se passerait-il si je m’endormais, et qu’il arrivât ce pendant ?

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