LE RÊVE.
Les rêves sont parfois trompeurs, ou du moins nous touchent dans une proportion et avec une force qui rendent vain tout raisonnement à leur sujet.
La nuit dernière, je rêvais qu’un regard fixe et pénétrant, de ceux dont on ne peut se défaire et qu’on fixe en retour malgré soi, me poursuivait jusque dans le feu de la crémation.
Ce matin, je me levai, fis ma toilette, m’habillai, sortis, pris le Métropolitain, trouvai une place assise dans la rame, peu peuplée à cette heure, et m’y plaçai, comme tous les matins des jours ouvrés de la semaine.
J’allais sortir de mon sac un livre à fin de passer le temps, quand mon regard croisa celui de la personne assise en face de moi. C’était un regard identique à celui croisé dans mon rêve, malgré moi et les efforts déployés pour lui échapper. Je frissonnai de surprise et fus pris de stupeur : bouger le moindre muscle me sembla impossible, car vain.
Le regard fixe et pénétrant de mon vis-à-vis ne me quittait pas. Je sentais grandir en moi, par bouillons, l’anxiété. Les autres passagers de la rame, tous les autres, le monde entier, étaient toujours les mêmes, imperturbables dans leurs vies confortables et régulières ; mais moi j’étais sur le point de hurler —
— Quand tout à coup l’homme se leva, et son regard se décrocha du mien. Il descendit de la rame. Sa main droite tenait une canne blanche qui oscillait devant lui comme un pendule.
Les rêves sont parfois trompeurs, ou du moins nous touchent dans une proportion et avec une force qui rendent vain tout raisonnement à leur sujet.
La nuit dernière, je rêvais qu’un regard fixe et pénétrant, de ceux dont on ne peut se défaire et qu’on fixe en retour malgré soi, me poursuivait jusque dans le feu de la crémation.
Ce matin, je me levai, fis ma toilette, m’habillai, sortis, pris le Métropolitain, trouvai une place assise dans la rame, peu peuplée à cette heure, et m’y plaçai, comme tous les matins des jours ouvrés de la semaine.
J’allais sortir de mon sac un livre à fin de passer le temps, quand mon regard croisa celui de la personne assise en face de moi. C’était un regard identique à celui croisé dans mon rêve, malgré moi et les efforts déployés pour lui échapper. Je frissonnai de surprise et fus pris de stupeur : bouger le moindre muscle me sembla impossible, car vain.
Le regard fixe et pénétrant de mon vis-à-vis ne me quittait pas. Je sentais grandir en moi, par bouillons, l’anxiété. Les autres passagers de la rame, tous les autres, le monde entier, étaient toujours les mêmes, imperturbables dans leurs vies confortables et régulières ; mais moi j’étais sur le point de hurler —
— Quand tout à coup l’homme se leva, et son regard se décrocha du mien. Il descendit de la rame. Sa main droite tenait une canne blanche qui oscillait devant lui comme un pendule.
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