mardi 19 janvier 2010

Textes courts : Sourire

SOURIRE.


Un sourire hautain ne quittait jamais sa bouche, laquelle avait dû prendre naturellement ce pli à la longue.

Elle s’étonnait de ce que toutes ses connaissances de travail, de rencontre, d’amitié ou de cœur, s’étaient peu à peu éloignées d’elle, qui vivait à présent dans une grande solitude au milieu de tous ces gens qu’elle fréquentait par plaisir ou obligation, mais qui jamais ne recherchaient plus sa compagnie.

Un jour, on m’a dit qu’il fut un temps où elle était belle, vive, intelligente, et ambitieuse. Elle eut le tort d’en tirer beaucoup de vanité, de mépriser ses semblables, et de le leur faire comprendre sans détour. C’était il y a longtemps, m’a-t-on dit.

Son cœur avait changé, mais le pli de ses lèvres demeurait, comme un stigmate irrémiscible de sa jeunesse.

Je ne sais tout cela de première main, car je suis aveugle, et son compagnon.

Mais il me suffit d’imaginer ce sourire pour sentir grandir en moi à son égard, une insurmontable répulsion.

Aucun commentaire:

© Nicolas Codron / all rights reserved