mardi 13 juillet 2010

Textes courts : Desert

DÉSERT.


Le monde n’est plus qu’un grand désert, et pourtant jamais il n’y eut plus d’hommes en nos terres.

Les révolutions de l’herbe et des abeilles se heurtent à des murs de chairs. Autour de chaque homme a crû des ramparts de pierre que nul soleil ne saurait faire fondre. Bruits et sons se figent à les toucher. L’eau aseptisée seule irrigue à grand’peine les canaux creusés en leur cœur.

On ne grandit plus : on s’épaissit, se fortifie, on s’abrite. La moindre intrusion est prétexte à guerre. La mécanique humaine est froide comme une machine, et comme une machine elle se délecte de son calcul, qu’elle sait précis ; édits et lois la protègent.

On construit des prisons, des potences, que l’on croit être des temples. La liberté n’est plus qu’un mot — plus même un rêve. C’est pour la paix de l’âme et du corps qu’on érige des barrières. C’est à ce prix qu’est le confort.

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© Nicolas Codron / all rights reserved