mercredi 22 décembre 2010

Textes courts : Le car

LE CAR.


Les gens tour à tour montent et descendent, en flots irréguliers comme vomis d’une bouche.

C’est une multitude parfois, parfois un seul, ou pas, qui d’un pas pressé disparaissent dans l’ombre chaude du métal caravane, ou dans l’air ensoleillé des champs de juillet.

Autour de la frêle construction qui tient lieu d’arrêt de bus s’inventent, à certains crépuscules, de joyeuses fêtes où l’on rit pour se tenir éveillé. L’on trompe ainsi l’attente et veille à ne manquer pas la venue du car.

D’aucuns même, grassement payés par les voyageurs les plus fortunés, organisent des rondes et tours de garde. Ils guettent les véhicules à l’approche et crient le numéro des lignes dès qu’ils les peuvent apercevoir. À ce moment précis, un grand silence se fait.

Il est heureux que tout le monde profite de leur bruyante annonce, car on ne saurait manquer de s’assoupir, quelque résistant qu’on fût.

Le service de transport ne compte pas de temps mort ; l’ordre de passage des cars semble aléatoire.

Une architecture gouverne peut-être la chose ; mais qui la pourrait dire ? Nous ne nous trouvons, après tout, qu’à un petit arrêt de campagne : il faudrait remonter jusqu’à la ville.

Je doute que ceux qui parviennent à destination s’encombrent de préoccupations semblables, lesquelles sont tout juste bonnes à occuper l’esprit de ceux qui comme moi aimeraient enfin dormir.

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© Nicolas Codron / all rights reserved