mercredi 5 janvier 2011

Textes courts : Nuit

NUIT.


La jeune fille s’était enfin assoupie. Sa respiration, à présent apaisée, pût être l’étalon nouveau d’un temps d’après-guerre, et d’avant-songe.

Qu’est-ce qui m’a poussé à rechercher la compagnie d’amours mercenaires ? Cela ne se passa pas même ainsi. Hasard des rencontres inextrêmes et fortuites.

Les longs cheveux d’ombre glissaient sur l’oreiller.

J’aurais toutefois pu le deviner : personne n’aborde plus personne de nos jours, surtout pas à la tombée du soir. Cela n’empêcha pas mon cœur de battre plus fort.
Le visage pur et clair semblait de lait sous la lumière du réverbère, laquelle, malgré les rideaux, passait par la fenêtre dans la pièce éteinte.

Quel âge peut-elle avoir ? Est-ce le besoin qui l’amène à se vendre ? ou la contrainte peut-être, l’amour. Peut-être rien n’a-t-il plus d’importance.

Elle toussa légèrement, puis plus fort : les cheveux tombés devant sa bouche volèrent par saccades. Elle gémit.

Douces tentacles animées de cendres noires. Un rêve, c’est probable. Je lui demanderai ce qu’elle compte faire, à son réveil.

Elle se retourna à demi, tout en ne lâchant pas la main qu’elle tenait serrée comme un étau.

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